Affaire Dittli : machination politique ou spectacle de Guignol ?
- Ruben Ramchurn
- 26 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mars

C'est l’histoire d'une marionnette qui rêvait de devenir une véritable Conseillère d'État.
Parfois, il est douloureux d’avoir raison. C’est exactement ce sentiment que je ressens depuis la conférence de presse du 21 mars 2025, la publication du rapport Studer et les réactions politiques qui s’en sont suivies. Une certitude se dessine désormais clairement : depuis le début de son mandat, Valérie Dittli est victime de mobbing institutionnel.
Immédiatement après son entrée en fonction, elle s’est retrouvée contrainte de travailler avec une cheffe de service héritée directement de l’ère Broulis. Cette dernière semblait pratiquer une rétention systématique d’informations et constituer des dossiers à l’insu de la ministre elle-même. Dans l’armée, cela relèverait tout simplement de la mutinerie. Mais dans notre canton, on semble préférer masquer ces comportements sous le prétexte commode de « la santé des collaborateurs », plutôt que d'imposer une discipline normale à des fonctionnaires, dont les revenus dépassent souvent les 200'000 francs annuels. Ces mêmes fonctionnaires bénéficient non seulement d'une sécurité de l’emploi quasi absolue mais également d'une fiscalité avantageuse par rapport aux entrepreneurs qui, en prenant des risques, créent la richesse qui permet de financer les privilèges des premiers.
La relation entre Valérie Dittli et sa cheffe de service était notoirement exécrable, et ce depuis plusieurs années déjà. Cependant, la Conseillère d’État s’est trouvée impuissante, contrainte à supporter cette situation sans pouvoir agir pour remplacer cette fonctionnaire. Plus grave encore, l’ensemble du Conseil d’État semble avoir pris fait et cause contre elle, aggravant ainsi la crise et empêchant tout apaisement.

Le scandale fiscal que tout le monde a ignoré
À la fin de la précédente législature, une modification problématique du bouclier fiscal a été introduite en toute discrétion. L’effet dévastateur de ce changement n’a été véritablement perçu qu’avec les taxations de 2022. Rappelons-le, le bouclier fiscal est un dispositif censé éviter que les contribuables ne soient taxés au-delà de 60% de leur revenu, limite au-delà de laquelle on franchit la frontière de la confiscation selon la jurisprudence constitutionnelle. * Or, cet instrument, censé protéger environ 3'500 contribuables, ne concerne pas uniquement les grandes fortunes, contrairement à ce qui est régulièrement affirmé. De nombreux entrepreneurs vaudois, simplement parce qu’ils détiennent une entreprise, sont injustement taxés à des niveaux confiscatoires.
Edit : petite correction grâce à Marc Ehrlich, avant de sauter en 2022, le bouclier fiscal était de 60% + 11.5%, soit 71.5%. Quand au nombre de contribuable concerné lui articule le chiffre de 4000. Vous pourrez trouver ceci dans une opinion publiée dans le journal 24 Heures du 26 mars 2025.
L'impôt est décidémment plus heureux que jamais dans le canton de Vaud.

En réalité, si Vaud constitue un paradis fiscal pour les multinationales, il est devenu un véritable enfer fiscal pour les entrepreneurs locaux. Certains contribuables se trouveraient même taxés à plus de 100% comme l’avait relevé le député Fabrice Moscheni dans une question au Grand Conseil en août 2024 à laquelle le Conseil d’Etat n’a jamais trouvé utile de répondre. Un tel niveau de taxation place le canton dans une situation potentiellement anticonstitutionnelle. Si c’est le cas, certains contribuables choisiront de quitter le canton ou de devenir des multinationales, ce qui n’est finalement pas très compliqué, puisqu'il suffit d’exiler le siège de sa société dans un endroit comme, à tout hasard, l’île Maurice… et pourquoi ne pas par la même occasion y exiler son propre domicile fiscal, puisqu’on peut obtenir ensuite un permis de résidant et ne plus jamais payer plus que 15% d’impôts, sans aucune forme de double ou triple imposition. J’arrête ici l'auto-promo déguisée.

Face à cette situation critique, seules quelques voix se sont élevées clairement. Valérie Dittli semble être l'unique membre du Conseil d'État à avoir véritablement pris à cœur ce problème. C’est également la seule qui semble avoir tenté de dialoguer avec les initiants de l’initiative 12%, jusqu’à ce que les anciens Conseillers d’État Pascal Broulis et Pierre-Yves Maillard pallient dans les négociations à l’actuelle Conseil d’Etat, laissant une étrange impression : sont-ils encore les véritables maîtres de ce canton ?
Un chantage politique inacceptable
Mais le plus inquiétant demeure la stratégie déployée par le Conseil d’État, qui voudrait finalement conditionner la réintroduction du bouclier fiscal au rejet de l’initiative 12%. C’est un chantage démocratique absolument scandaleux, qui ne surprendrait pas venant d’un gouvernement clairement positionné à gauche, mais qui est intolérable de la part d’un gouvernement qui prétend défendre l’économie et la classe moyenne. Cette manœuvre machiavélique est-elle le fruit d’une décisions politiquement réfléchie entre acteurs de centre-droite ou une suggestion de l’administration qui lutte pour conserver son pouvoir ?
Pourquoi un tel acharnement contre Valérie Dittli ?
Pourquoi le Conseil d’État s’acharne-t-il ainsi contre sa plus jeune membre ? Plusieurs pistes peuvent être envisagées :
Peut-être Valérie Dittli a-t-elle exposé involontairement les propres faiblesses de ses collègues.
Peut-être l’administration du canton contrôle-t-elle réellement le pouvoir exécutif, transformant ainsi les Conseillers d’État en simples marionnettes. Valérie Dittli aurait alors commis la faute majeure de vouloir exercer pleinement son rôle, tandis que les autres obéissent docilement à l’administration.
Peut-être encore, la gauche tire-t-elle les ficelles, cherchant à diviser l’Alliance Vaudoise pour reprendre le pouvoir avant les prochaines élections générales en provoquant une démission prématurée.
Quelle que soit la raison réelle, une chose est certaine : la situation actuelle menace gravement la démocratie vaudoise. Comme je l’avais déjà souligné lors de l'affaire Pierre Maudet à Genève, il est absolument inacceptable que les membres d’un collège exécutif décident de se liguer contre l’un des leurs, en particulier lorsqu'il s'agit du membre le plus brillant et courageux. La composition du Conseil d’État revient exclusivement aux électeurs et ne saurait être remise en cause par des manœuvres internes des Conseillers d'Etat eux-mêmes.
Ainsi, les membres actuels du Conseil d’État doivent accepter l’élection démocratique de Valérie Dittli ou démissionner collectivement pour provoquer une nouvelle élection générale. Forcer une démission isolée serait un coup politique antidémocratique, profitant uniquement aux anciens partis établis que sont le Parti Socialiste et le Parti Radical (sans le L). Il n'y a que par une réélection générale qu'on peut garantir un maintient de l'équilibre démocratique.
DITTLI ou RAMCHURN ?
Enfin, il est impératif que le centre-droit vaudois retrouve rapidement sa cohésion et cesse ses querelles internes stériles. Il est temps de reconnaître pleinement la valeur de Valérie Dittli, de la soutenir et de travailler avec elle plutôt que contre elle.
Car au fond, vous n’avez plus vraiment le choix : si elle démissionne, je serai candidat. Que préférez-vous : Dittli ou Ramchurn ? Ou souhaitez-vous offrir sur un plateau un siège de plus à une gauche désormais radicalisée ?
Les enjeux pour l’avenir du canton sont trop importants pour être pris en otage par des guerres d'égo au centre-droite.
Belle analyse, à part la comparaison avec M le maudit Maudet qui est un menteur pathologique.