Comment les intolérants se sont imposés à Yverdon
- Ruben Ramchurn
- 16 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 févr.

Comment expliquer qu’une ville dirigée par un syndic socialiste plutôt connu pour sa pondération, passant même pour un centriste, à tel point que l’extrême-gauche dit qu’il est de droite, suit aujourd’hui une politique de gauche radicale sans concession?
Le célèbre philosophe et mathématicien Nassim Nicolas Taleb nous fournit la réponse dans le deuxième chapitre de son livre « Jouer sa peau : Asymétries cachées dans la vie quotidienne » aux éditions Les Belles Lettres.

Taleb y explique que lorsqu’une minorité est intolérante (ou très intransigeante) et que la majorité est plus flexible, la minorité finit souvent par imposer ses préférences à l’ensemble. C’est ce qu’il appelle la « dictature de la minorité » : la majorité préfère s’adapter plutôt que lutter contre l’exigence rigide de la minorité, ce qui conduit à la généralisation des choix de cette minorité.

Ainsi les plus extrémistes finissent par s’imposer, en particulier en présence d’une asymétrie et c’est précisément ce qui s’est passé à Yverdon. A partir du moment où un camp a remporté tout le pouvoir en faisant une alliance très large, si sa partie modérée est tolérante et a des préférences peu affirmées, ou que tout simplement la seule chose qui compte vraiment pour elle c’est d’exercer le pouvoir, les intolérants vont pouvoir imposer leur vue.
C’est ainsi qui Pierre Dessemontet s’est retrouvé à devoir changer radicalement de positon. Lors de la précédente législature il fût le principal protagoniste de gauche de l’accord entre le Parti Socialiste et le PLR pour la réalisation d’un parking de 1000 places sous la Places d’Armes et il avait alors ferraillé dur contre son propre camp pour obtenir le soutien à cet accord au Conseil Communal.
Obtenir une majorité en 2021, l’a obligé à faire une coalition de gauche large avec l’extrême-gauche, une coalition où la tolérance est asymétrique, problème qui se pose moins avec une coalition centriste. Pour obtenir le pouvoir, il a dû se soumettre à une minorité intransigeante du camp de gauche qui incarne des idées partagées par guerre plus de 3% de la population.
Obéir à son extrême, c’était le seul moyen pour lui d’éviter des conflits dans le camp qu’il a réuni pour obtenir le pouvoir, mais aussi le choix logique, car si son pouvoir en dépend, son « coût d’adaptation » est comparativement bien plus faible. Le même phénomène avait été observé avec François Hollande et sa coalition de gauche trop large pour être gouvernable, ce qui lui avait valu le titre de capitaine de pédalo.

Des schémas stériles
Nous ne sortirons de ce type de schéma que si l’on arrive à sortir des conflits stériles gauche-droite qui ne sont pas le fruit de personnes pragmatiques, mais sont plutôt imposés par la logique des partis politiques, eux-mêmes pour des raisons qui servent des agendas cantonaux ou fédéraux, mais qui sont absurdes à l’échelle d’une ville comme la nôtre. C’est ainsi qu’on a par exemple vu la gauche yverdonnoise s’opposer aux transports publics gratuits le samedi, alors qu’en coulisse les gens disaient souvent être d’accord, mais la logique de parti empêchait de soutenir l’idée car elle était venue de l’UDC. Ou alors il ne fallait pas la soutenir, car le Parti Socialiste avait dans son tiroir une autre forme de gratuité des transports publics, probablement inapplicable, mais c’est un détail dès lors qu’on peut mettre à son bilan des promesses et des intentions.
Toutes ces combines de partis politiques ne servent pas les intérêts de notre ville. Les Yverdonnois se tapent bien de l’agenda des partis politiques et des ambitions des élus. Il est temps de faire de la politique autrement, libéré de ces vieux clivages politiques obsolètes et nuisibles, il est temps de faire de la politique POUR TOUS et plus de la politique pour les partis politiques ou les ambitions personnelles.
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