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Entretien sans filtre avec notre ancien Syndic, Jean-Daniel Carrard

  • Photo du rédacteur: Ruben Ramchurn
    Ruben Ramchurn
  • 16 févr.
  • 8 min de lecture

Bonjour Monsieur Carrard et Bonne Année. Pour commencer cette interview, comment allez-vous depuis que vous avez quitté la Municipalité d’Yverdon ?

Très bien, merci, et plutôt détendu !


On imagine que si vous aviez démissionné, c’était que soit vous ne pouviez plus travailler avec cette municipalité, soit vous ne vouliez pas être assimilé à leur bilan. Pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons exactes de votre démission ? 

J’ai travaillé 20 ans à l’exécutif dont 6 comme syndic, avec des exécutifs à majorité de droite et de gauche. Mais je n’avais jamais été confronté à la situation d’après ma syndicature, c’est-à-dire à un non-respect des décisions et des engagements pris, à savoir des projets et des contrats que j’avais par ailleurs signé au nom de la municipalité.


Je me suis retrouvé dans un exécutif qui voulait tirer un trait sur le passé (tourner la page Carrard comme j’ai entendu…) et par la même stopper les projets en cours. Sans respect pour les engagements et les sommes déjà engagées aux frais du contribuable. Je ne parle pas des dédites qui peuvent encore survenir….Ce n’était pas encore une question de bilan puisque nous en étions au début, mais d’état d’esprit.


Que pensez-vous de la manière dont travaille la Municipalité actuelle ? Quel bilan feriez-vous après 4 ans de législature ? 

La Municipalité actuelle avait souhaité de travailler autrement. Là on peut dire que c’est réussi ! La Municipalité s’est occupée au début à bouleverser les procédures et les habitudes, mais au bilan je trouve qu’il n’y a pas de réalisation à citer. À Y-PARC les constructions sont presque toutes celles que nous avions lancée, il n’y a pas eu de construction de bâtiment nouveau, le seul plan de quartier qui a débouché sur des constructions se trouve à Clendy où pendant plus de 10 ans les conseillers PS et Verts m’ont reproché par toutes sortes de moyen (diffamation presse, suspicions) de vouloir développer ce quartier où mon ancien bureau était impliqué. Ancien bureau que j’ai dû quitter lors de ma réélection en 2016, car le syndic devait être à 100%. Autre temps, autre mœurs…. Il est par ailleurs piquant de se rappeler que le choix de développer ce quartier a été fait par une Municipalité de gauche….Quant au bilan… quel bilan ?


Quel changement feriez-vous pour cette ville ? 

Déjà un rééquilibrage des forces politiques. Il n’est pas bon de ne pas avoir de contradicteurs, et une écoute de tous les bords ce qui avait été laissé entendre et pas tenu. Ensuite arrêter de miser que sur une poignée de secteurs (culture, mobilité douce, etc.) et de travailler pas pour des idées dogmatiques, mais pour le bien de tous les citoyens.Il n’est pas raisonnable de vouloir obliger les gens à vivre comme eux ! Savoir recevoir les gens et les écouter…


On a l’impression qu’il y a eu une volonté de détruire tout ce qui avait été fait avant, est-ce que vous avez fait la même chose quand vous êtes devenu syndic ? 

Non c’est une nouveauté comme dit plus haut, et c’est de loin pas une bonne idée….

Un sujet qui intéresse beaucoup les habitants d’Yverdon, c’est le sort de la Place d’Armes. Je rappelle que le projet a été lancé sous le syndic socialiste qui vous avait précédé, puis lorsque vous étiez syndic un accord gauche-droite a été conclu et signé, puis il semble que certains auraient tourné leur veste. Pourriez-vous nous expliquer en quelques lignes comment s’était conclu l’accord interpartis signé par vous et Julien Wicki en 2019 pour construire un parking de 1000 places qui aurait dû être déjà terminé ? Qui étaient les protagonistes de cet accord qui semble ne plus compter aujourd’hui ? 

C’est une discussion dans mon bureau de syndic entre les messieurs suivants avec leurs titres de l’époque :


  • Dessemontet, Municipal PS

  • Wicky, président du PS

  • Roquier, président du PLRY

  • Carrard, syndic 


L’idée était de trouver un accord entre la gauche et la droite afin de faire avancer des projets pour la ville. L’accord consistait à proposer aux partis de soutenir la construction du parking sous la place d’Armes et la construction de la grande zone verte de dessus (vœu de la droite), et de soutenir en parallèle la construction des zones de crèches supplémentaires (vœu de la gauche). Les deux projets étant considérés comme parfaitement soutenables, ils l’ont été. Le parking par décision du Conseil Communal (seule décision valable actuellement) et les crèches car c’est le bon sens qui avait prévalu. Il faut reconnaître que la mémoire est visiblement courte…



 

Comment expliqueriez-vous que ces gens aient tourné leur veste en brandissant une histoire de blocage du canton, qui semble-t-il était un mensonge ou du moins présenté de manière très très inexacte ? 

La particularité de cette Municipalité c’est de trouver des coupables ou des responsables en dehors de leur giron. Ce n’est pas nous c’est les autres ! Mais pour en revenir à la question, le canton n’a jamais dit non. On a présenté le projet au canton en consultation provisoire. Un seul service sur onze à préavisé négativement en disant, à juste titre, démontrez comment vous arrivez à un besoin de 1’000 places. Il suffisait de répondre à cette question. Les 10 autres services ont tous répondu positivement. Mais quand on a un projet et surtout que l’on veut le défendre, on ne se cache pas derrière la première contrariété

 

Avec le Conseiller National Jean-Pierre Grin, vous êtes les deux personnes à l’origine du Plan d’Agglomération 4. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi après le PA3, il avait d’abord été prévu de sauter le PA4 pour un PA5 dans quelques années, puis finalement le PA4 a été lancé dans l’urgence ? 

Quand je suis devenu syndic et accessoirement président de l’Agglo, il avait été fait le constat que nous avions fait beaucoup d’études et très peu de réalisations. Il a donc été décidé de ne pas refaire des études supplémentaires, mais de passer aux réalisations et de faire l’impasse sur le PA4. Concernant la route de contournement décidée en votation populaire en 2012, nous avons exécuté le 1er tiers avec le passage sous la voie CFF (le plus cher), et ce sans subside de la Confédération car non reconnu comme une priorité dans les projets d’agglo antérieurs. En discutant avec JP Grin alors Conseiller National, il nous a suggéré de quand même faire une demande de subventionnement pour la partie centrale de la route de contournement. Problème: on avait 8 mois au lieu de 5 ans. On a relevé le défi afin d’essayer de toucher des subsides de la confédération. La gauche nous a dit qu’on n’y arriverait pas. A la fin de mon mandat, on avait réussi. Pour une raison de finalisation de dossier il a été déposé par la nouvelle municipalité 3 mois après


Était-il prévu de mettre dans le PA4 un plan de suppression des places de stationnement dans tous les quartiers d’Yverdon au nom du plan climat vaudois ?  

Non, pas du tout.


Était-il prévu de repousser la fin de la construction de la route de contournement à l’horizon 2035-2038 dans le PA4 que vous avez présenté à la commission du Conseil Communal ? 

Bien sûr que non. Il a juste été question d’essayer d’obtenir des subsides de la confédération. Accessoirement on peut très bien réaliser la fin de la route de contournement en respect de la décision populaire, comme nous avons fait pour la 1ère partie. Le fait de repousser cette construction est juste un choix politique de la municipalité actuelle et ce en non-respect du choix des citoyens de 2012. Et de façon factuelle, ce 1er tronçon de la route de contournement est très utilisé…


Si l’objet d’un préavis pour lequel on demande un crédit au Conseil Communal change après la séance de commission, pensez-vous qu’il faudrait en informer la commission, voir le Conseil Communal afin qu’ils puissent adapter les rapports et voter en connaissance de cause ? Vous qui êtes député cantonal, avez-vous déjà vu ce type de pratique au niveau cantonal ? 

Evidemment si le projet change il faut au minimum en informer la commission si les changements sont extrêmement minimes, mais le mieux et le plus correct c’est de reconvoquer la commission.


Est-ce qu’il y a des choses que vous avez accomplies en tant que syndic dont vous êtes particulièrement fier ? 

Oui, beaucoup de choses me rappellent de bons souvenirs. Nous avons relancé les constructions sur Y-PARC qui n’avait plus vendu de terrain depuis plus de 8 ans en créant  des centaines d’emplois et plusieurs centaines de millions d’investissement, transformé le stade municipal, créé un skate parc, mis en place de bonnes relations avec les communes avoisinantes, construit la 1er partie de la route de contournement, attirés de nouveaux investisseurs sur Yverdon-les-Bains, créé un poste de délégué à l’économie, priorisé 40 projets sur une foule de 300 projets afin de concentrer la force de travail des services, augmenter les investissements en faveurs de la collectivité, augmenté l’autofinancement, créé le prix culturel et sportif du Nord Vaudois, etc. Il y a aussi le fait d’avoir fait accepter à la Confédération un arrêt supplémentaire et une gare à Y-PARC. Cette gare était prévue pour 2028-2030, visiblement il n’y a pas eu le suivi nécessaire de la municipalité actuelle pour l’avoir dans ces délais.


Pensez-vous qu’aujourd’hui la Municipalité actuelle effraie les investisseurs privés ? 

D’après ce que j’ai entendu de mes connaissances c’est certain. Ils préfèrent investir ailleurs.


On a vu de grands projets du côté d’Y-Parc qui ont été conclu pendant que vous étiez syndic, puis qui se développent aujourd’hui, mais il semblerait que la panne s’est à nouveau produite, aucune nouvelle annonce et la seule action dont on se souvient de la Municipalité, c’est quand ils ont essayé de bloquer la construction du parking silo qui pourtant est inférieur à ce que prévoit le Plan d’Affectation.  Est-ce que vous partagez cette analyse ? Et que pouvez-vous nous dire sur ce qui se passe ou ne se passe plus à Y-Parc ? Comme si tout était tombé en panne.  Oui ceci est aussi ma perception. Quand nous souhaitons faire venir des entreprises à Y-PARC, nous étions dans un premier temps en concurrence avec l’étranger, puis avec les autres cantons, puis avec les autres lieux dans notre canton. Pour qu’une entreprise choisisse Yverdon-les-Bains et le Parc, il faut de la persévérance, des atouts, faire envie, se vendre. Tout ce que la Municipalité actuelle ne fait pas. Il ne faut pas mettre des obstacles aux entreprises, mais les accompagner, leur faire comprendre que l’on souhaite qu’ils s’installent chez nous. Et mettre aussi les conditions pour se faire (prix terrain, prix énergies, rapidité de réaction, accompagnement des services. Si cela n’est pas le cas, alors quand vous vous réveiller, cela fait longtemps qu’ils auront signé ailleurs.


Que s’est-il passé à Sport 5, et pourquoi on se retrouve dans cette situation d’arrêt de projet ?

Le projet a été mis à l’enquête en pleine période électorale, à savoir décembre suivi d’une élection en mars. Des associations issues des milieux de gauche ont fait opposition au projet, malgré un projet développé conjointement en muni. Il a été joué la montre, en plein COVID, jusqu’au changement de municipalité, cette dernière s’empresse d’enterrer ce projet. Résultat ? un beau projet en faveur du sport et de la culture, prêt d’un million mis à la casse, un investissement de 25 millions de fonds privés partis dans d’autres communes, et plus de projet en cours, plus de bâtiments à entretenir, plus de rentrées locatives. Un énorme gâchis


Quels sont vos souhaits pour l’avenir d’Yverdon ? 

Rendre Yverdon-les-Bains aux Yverdonnoises et aux Yverdonnois et que cela devienne une ville montrée du doigt comme l’exemple à suivre et non l’inverse.

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