Comment les politiciens avec des excuses pour tout s'imposent
- Ruben Ramchurn
- 21 févr.
- 3 min de lecture
Il y a-t-il une prime à la franchise en politique ? Et bien malheureusement non, il se pourrait même bien que ce soit exactement l’inverse, tenir sa parole ne paie pas en politique. Petite illustration.
Imaginons que l’on vous invite à voir le spectacle de gymnastique du village dans 18 mois. Vous acceptez l’invitation, vous vous engagez à y aller, peut-être un peu pour faire plaisir, mais accepter des invitations dans très longtemps, après tout, ça apporte des bénéfices de court terme qui ne coûtent pas grand-chose. 17 mois plus tard, voilà que l’on vous offre des billets VIP avec accès aux coulisses pour aller voir à un concert de U2 le même soir. En plus de ça, c’est la personne avec qui vous espérez partager votre vie qui vous offre ces billets.
Que faites-vous face à un tel choix ?
Vous pouvez renoncer à l’invitation, tenir votre engagement pour le spectacle de gym et peut-être laisser passer l’amour de votre vie.
Vous pouvez aller au concert et ne pas aller au spectacle de gym du village, vous passerez pour quelqu’un de peu fiable, voir sans parole dans votre village, ce qui peut être embêtant si vous êtes Municipal et que vous ambitionnez une longue carrière politique.
Vous pouvez trouver une excuse, un « événement imprévu », des « circonstances indépendantes de votre volonté », qui vous mettent dans l’incapacité de tenir votre engagement d’aller au spectacle de gymnastique. Ainsi, vous allez au concert et le village ne vous en voudra pas d’avoir manqué le spectacle.
La solution 3 est vraiment la solution idéale quand on cherche à plaire à tout le monde et qu’on manque de courage et d’éthique, mais elle comporte des risques. Imaginez qu’ensuite vous apparaissez sur des stories au concert avec Bono qui chante en arrière-plan, alors que vous êtes sensé être auprès de votre grand-mère mourante… Vous aurez un résultat bien pire qu’en ayant dit la vérité.
Nous sommes beaucoup à penser qu’il vaut mieux opter pour la vérité et tenir ses engagements et si les circonstances changent, assumer la responsabilité de choix devenus différents. Malheureusement le monde politique ne fonctionne pas ainsi.
L’homme politique qui gagne, c’est celui qui plaît à le plus de monde lors de l’élection, pas le plus franc et honnête, qui va forcément décevoir des gens, mais celui qui arrive à dire aux plus de gens possible ce qu’ils veulent entendre avant d’être élu, même si c’est contradictoire, s’il ne s’adresse pas au même moment à ces différents publics, ça passera.
Ensuite l’homme politique qui gagne inventera des excuses en temps voulu pour ne pas tenir ses promesses, par exemple la pandémie, l’inflation, un recours contre lequel il n’y aurait « aucune chance », sans même avoir essayé, une opposition du canton, l’Association Transport et Environnement, la guerre en Ukraine, l’opposition d’un fonctionnaire cantonal ou communal que personne ne connaît… Il pourra ensuite si certains doutent, conforter sa position et surtout son innocence, en demandant un avis de droit, en lançant un audit, en mandatant une nouvelle étude… Tout ceci évidemment en choisissant un prestataire de confiance. Après ça, il n’y aura plus qu’à réunir de nouvelles commissions parlementaires et au bout d’un moment tout le monde aura oublié de quoi il était question.
Il aura eu le beurre et l’argent du beurre, quand l’élu trop honnête lui aura dû choisir entre sa carrière politique et le concert de U2 avec peut-être l’amour de sa vie. En revanche, si un jour les électeurs se rendent compte qu’ils se font rouler et qu’ils décident de récompenser le courage, la franchise et la constance, la carrière politique de l’élu qui fait le troisième choix se terminera rapidement.
La confiance est fondamental pour le climat des affaires et donc pour la croissance économique. Par conséquent ramener la confiance implique un changement de classe politique. Les politiciensqui se font connaître comme n'ayant pas de parole ou comme en ayant plusieurs ne pourront jamais inspirer à nouveau la confiance.
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