Faut-il déménager les services industriels et les services des travaux de la ville, ainsi que les dépôts de car postaux, vers les quartiers des Isles et des Moulins ?
- Ruben Ramchurn
- 20 janv.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 12 minutes
Le projet de déménagement des services industriels et des services des travaux de la ville, ainsi que des dépôts de cars postaux, vers les quartiers des Isles et des Moulins suscite déjà des débats passionnés. Ce dossier, sensible et stratégique, pourrait marquer les années à venir dans la planification urbaine d'Yverdon-les-Bains.

Pour une fois, un consensus semble avoir émergé entre les majorités politiques successives. En effet, l'idée d'utiliser cette zone avait déjà été évoquée lors de la précédente législature, avec l'approbation du préavis PR21.01 en mai 2021. Ce préavis prévoyait un crédit d'étude de CHF 215'000 pour évaluer la faisabilité du projet. Ce dernier a été repris sous la législature actuelle, démontrant une certaine continuité politique.

Le préavis PR24.23, daté du 15 août 2024, propose d'allouer un crédit d'étude de CHF 4,8 millions, le coût total du projet étant estimé à plus de 40 millions de francs. L'objectif est un déploiement progressif jusqu'en 2028. Cependant, la commission chargée de l'étude, qui devait se réunir en septembre 2024, tarde à donner des nouvelles, laissant supposer que le dossier est plus complexe qu'initialement prévu.

La parcelle concernée, la n°140, se situe en face de la salle de sport des Isles. Actuellement classée en zone sportive, elle est actuellement exploitée comme terre agricole. Cette affectation permettrait de renforcer les infrastructures sportives existantes dans cette partie de la ville, qui dispose déjà d'une grande salle polyvalente et de plusieurs terrains extérieurs.
Un des objectifs majeurs de la Municipalité est de libérer la parcelle de l'Ancien Stand afin d'y créer un nouveau quartier résidentiel sans voitures, idéal pour les pendulaires grâce à sa proximité avec la gare. La ville, propriétaire de la majeure partie du terrain, espère réaliser une opération immobilière rentable. Toutefois, la question de la sécurité dans ce futur quartier reste en suspens.
Aujourd'hui, le secteur de la gare est un lieu prisé par les trafiquants de drogue, qui profitent des infrastructures ferroviaires pour échapper aux contrôles policiers. La création d'un quartier entièrement piéton connecté à la gare par des passages sous-voie pourrait offrir un terrain de jeu idéal aux dealers, d'autant plus qu'ils utilisent de plus en plus de trottinettes électriques pour se déplacer rapidement.

Quant aux quartiers des Isles et des Moulins, comment leurs habitants perçoivent-ils ces projets ?
Il y a quelques années, l'association du quartier des Isles s'était opposée à la route de contournement, notamment à cause d'inquiétudes légitimes sur le passage de véhicules lourds pendant la construction. Cette mobilisation avait permis d'obtenir des garanties et des compensations sur l'impact du trafic. Cependant, il est ironique de constater qu'aujourd'hui, les mêmes partis politiques qui avaient financés ces oppositions en coulisse, notamment le Parti Socialiste et les Verts, souhaitent déplacer les dépôts de cars postaux et les services des travaux dans cette zone, ce qui entraînera inévitablement une hausse du trafic, notamment celui de véhicules lourds et ce définitivement. Ces véhicules en circulant sur les sols meubles d'Yverdon, provoquent des vibrations qui affectent les habitations et en particulier les maisons individuelles. L'on imagine mal tout le trafic être redirigé par la rue des Moulins alors que la rue des Caserne est désormais à sens unique, c'est donc de nombreux véhicules lourds qui devront traverser quotidiennement ces quartiers pour rejoindre le centre-ville.
La Municipalité devra relever le défi de convaincre les habitants de ces quartiers de ne pas s'opposer au changement d'affectation de la parcelle n°140. Pour cela, le bureau d'urbanisme Fisher & Montavon aurait reçu mandat de réaliser un plan de synthèse du projet. Ce choix pourrait augmenter les chances de succès du projet, avec cependant le risque de faire peser des soupçons de conflit d'intérêt.

Toutefois, l'argument principal avancé pour justifier la création de ce nouveau quartier, « construire en ville pour limiter l'étalement urbain », pourrait rencontrer des réticences. En effet, comment prétendre limiter l'étalement urbain alors que l'on envisage de bétonner des zones agricoles en périphérie ?
Ce projet soulève de nombreuses interrogations et mérite une réflexion approfondie. Il sera crucial d'établir un dialogue sincère et transparent avec les habitants pour garantir que les décisions prises soient équilibrées et bénéfiques pour l'ensemble de la communauté yverdonnoise.

Reflexion : Gare-Lac, est-ce que cela fait encore sens ?
Le projet Gare-Lac est un vaste et vieux projet de développement qui vise à rapprocher Yverdon de son lac en renforçant la connexion entre le centre-ville, la gare et le bord du lac.
Yverdon était autrefois une ville beaucoup plus connectée à son lac puisque le lac de Neuchâtel (ou le lac d’Yverdon, comme il fût aussi appelé), arrivait jusqu’au remparts de la ville. Les corrections des eaux du Jura ont repoussé le lac beaucoup plus loin, la gare a été développée et de l’autre côté, c’est un espace industriel qui a pris place, avec les ateliers CFF, les usines Hermès-Paillard…
Il y a quelques années, les CFF ont envisagé de quitter Yverdon et ce fût la source d’un psychodrame communal, qui a trouvé une issue heureuse, puisque les CFF ont décidé de rester à leur emplacement historique et même de le développer en modernisant et en étendant le site avec de nouveaux bâtiments d’entretiens.
Les anciennes usines Paillard Hermes Precisa sont devenues aujourd’hui le Centre Saint-Roch et il n’est pas question d’y toucher. Quand au périmètre est du Buron, des découvertes archéologiques « comparables aux pyramides de Gizeh » ont rendu son développement impossible, ces sites enfouis étant inscrits au patrimoine mondiale de l’UNESCO.
Du coup que reste-t-il comme potentiel de reconnexion au lac ? Pas grand-chose… Uniquement la petite parcelle de l’ancien stand pour laquelle, on compte bétonner la parcelle 140 en face de la salle de sport des Isles. Est-ce que ça a encore du sens, sachant que la ville restera encore loin de son lac et se sera étendue un peu plus en zone agricole pour y arriver ? Les projets de développement du côté du quai de Nogent seront de toute façon séparés de la ville par une zone industrielle, que l’ont bétonne aux Isles ou pas. Il est sans doute temps de rouvrir le débat. S'il n'existe pas de tabou à remettre en cause la réalisation du parking sous-terrain de la Place d'Armes après signature d'un accord interpartis, vote du Conseil Communal, échec du référendum et signature du contrat avec le constructeur, il ne devrait pas y en avoir à rouvrir le débat sur Gare-Lac qui après tout n'est qu'un plan de quartier, peut-être aujourd'hui devenu obsolète.

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