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Valérie Dittli, une femme trop courageuse pour le canton de Vaud ?

  • Photo du rédacteur: Ruben Ramchurn
    Ruben Ramchurn
  • 20 mars
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 mars



Cet article est volontairement écrit AVANT la publication du rapport de Jean Studer. Si l’on aime souvent répéter qu’il est plus facile d’être intelligent APRÈS coup, il faut aussi savoir avoir le courage de s’exprimer AVANT. Et comme vous le savez, le courage, j’aime bien ça, même si ce n’est pas spécialement une tradition vaudoise.

Valérie Dittli a été la grande surprise des élections vaudoises, ou plutôt, la surprise des « observateurs de la vie politique », ces experts qui analysent encore la politique uniquement sous l’angle des partis et imaginent que les électeurs obéissent aveuglément à leurs consignes. Selon ces mêmes observateurs, j’aurais dû finir troisième au premier tour de l’élection complémentaire à la Municipalité d’Yverdon.

Bien qu’elle représente le parti du Centre, Valérie Dittli s’est imposée comme une candidate anti-système, quelqu’un qui refuse les usages vaudois, qui n’attend pas que l’on veuille bien lui accorder une place et qui ne se soumet pas aux caciques locaux.

Avant son entrée au Conseil d’État vaudois, elle a pris les rênes de l’ancien PDC vaudois, orchestrant sa fusion avec le PBD, et mettant à la retraite anticipée deux anciens conseillers nationaux dont les rivalités menaçaient d’étouffer le parti. Je n’ai pas d’avis personnel tranché sur ce sujet, même si j’éprouve beaucoup de sympathie pour Claude Béglé (quand il ne fait pas la promotion de la Corée du Nord). Mais à mon avis, renouveler la classe politique en y injectant un peu de jeunesse est souvent bénéfique.

Ensuite, elle a créé une autre surprise que les « observateurs politiques » n’avaient absolument pas anticipée, en se faisant élire au Conseil d’État alors qu’elle semblait destinée à n’être qu’une porteuse d’eau.




En tant qu’objectiviste, je vois en Valérie Dittli l’incarnation même des gens qui prennent leur destin en main, des personnes d’action, celles qui créent et font avancer le monde. À l’opposé, il y a les gens d’inaction, ceux qui cherchent constamment des excuses pour ne rien faire, qui évitent les risques personnels et s’abritent systématiquement derrière la bureaucratie.

Malheureusement, le canton de Vaud n’apprécie pas beaucoup les gens d’action qui prennent des risques. Parfois même, il leur « coupe la tête ». Valérie Dittli était donc la candidate idéale pour monter à l’échafaud.

Valérie Dittli a été élue sous la bannière de l’Alliance Vaudoise, une coalition de partis de centre-droite indispensable dans le système électoral actuel pour contrer une gauche minoritaire mais très disciplinée dans ses alliances et qui vote toujours compact. Parmi les promesses de cette alliance figurait la réduction d’une fiscalité devenue oppressante et la lutte contre une inflation administrative largement supérieure à celle observée ailleurs en Suisse, inflation financée essentiellement par la classe moyenne.



Si les années Maillard-Broulis ont permis une baisse significative de la dette cantonale, on oublie trop facilement que cette dette résultait en grande partie des privilèges de certaines catégories de la population. Les fonctionnaires vaudois bénéficient encore de conditions de retraite dont aucun employé du privé ne peut rêver, conditions qui n’existent plus ailleurs en Suisse, sauf peut-être à Genève. Tout cela pèse lourdement sur la classe moyenne vaudoise, dont une large partie ne jouit pas du privilège de travailler pour l’État.

On pourrait comprendre qu’on décide démocratiquement de maintenir ces privilèges pour certaines catégories, comme les enseignants, qui bénéficient de trois fois plus de vacances que les infirmières, en plus d’être protégés de la concurrence liée à la libre circulation. Après tout, ils instruisent nos enfants de manière parfaitement neutre politiquement, n’est-ce pas ?

Ce qui est plus discutable, et pourtant plus difficile à remettre en cause démocratiquement, c’est la croissance de la bureaucratie et la montée en puissance incontrôlée de l’administration. À tel point que certains se demandent aujourd’hui si le véritable pouvoir réside encore dans les élus que le peuple choisit ou congédie tous les cinq ans, ou bien s’il n’est pas plutôt passé entre les mains des chefs de service intouchables, une sorte de DEEP STATE vaudois. C’est un immense problème : si le pouvoir n’appartient plus aux élus, alors nous vivons dans une sorte de « démocratie Potemkine ».

On pouvait légitimement attendre de l’Alliance vaudoise qu’elle s’attaque frontalement à ce problème, et non qu’elle capitule dès la première résistance de chefs de service devenus intouchables.

On pouvait légitimement espérer qu’un gouvernement de droite mène une politique réellement libérale, s’attaque à la bureaucratie, réduise la centralisation du pouvoir.

On pouvait aussi attendre une solidarité réelle entre les Conseillers d’État, une collégialité exemplaire qu’ils prêchent pourtant volontiers à l’ensemble du canton, plutôt que des fuites organisées vers la presse, méritant sérieusement une enquête pénale.



Croyez-le ou non, mais j’éprouve beaucoup de sympathie pour tous les membres du Conseil d’État vaudois. Je les ai presque tous côtoyés personnellement et je souhaite sincèrement les voir continuer à travailler ensemble en équipe collégiale. On me reproche souvent mes positions tranchées, mais je vais tâcher d’être plus « vaudois » qu’à mon habitude et donc m’abstenir de distribuer bons ou mauvais points, ou encore de classer les Conseillers d’État actuels.

Je me contenterai simplement de citer l’un des plus grands entrepreneurs vaudois, Bernard Nicod, car selon moi la parole des gens d’action reste la plus pertinente :

« Ce Conseil d’État est inefficace. La seule qui soit bien, c’est Valérie Dittli ! Elle se bat, mais ils lui en veulent tous parce qu’elle n’est même pas vaudoise, même pas PLR, elle est plus jeune et plus intelligente. »



À l’heure où j’écris, je n’ai aucune autre information sur les éventuelles fautes de Valérie Dittli que ce que la presse nous en a appris. Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est ce que l’on devine parfois entre les lignes des articles du brillant journaliste Raphaël Jotterand du Temps.

  1. Valérie Dittli commet la faute d’avoir de la fougue : vouloir changer l’ordre établi dans le canton de Vaud, ça ne se fait pas.

  2. Valérie Dittli s’est opposée à une cheffe de service : dans le canton de Vaud, ce sont les Conseillers d’État qui obéissent aux chefs de service, et non l’inverse.

  3. Valérie Dittli a des origines alémaniques : dans le canton de Vaud, il semble préférable d’avoir des origines françaises, espagnoles ou latino-américaines plutôt que suisses alémaniques (et pourquoi pas l’île Maurice tant qu’on y est ?).

L’acharnement contre Valérie Dittli rappelle étrangement les attaques subies par Jacqueline de Quattro, autre Conseillère d’État d’origine alémanique qui avait dû affronter sa propre administration et subir un remaniement.


Plus récemment encore, dans le canton voisin, Pierre Maudet à Genève s’est vu retirer son portefeuille par ses collègues, malgré son élection démocratique. À Genève, le peuple ne l’a pas accepté et a brillamment réélu Pierre Maudet au Conseil d’État.

On l’oublie parfois, mais dans le système helvétique, le peuple choisit une équipe qui doit travailler ensemble de manière collégiale, qu’ils s’aiment ou non. Si un gouvernement collégial essaie de se débarrasser d’un de ses membres ou de lui retirer tous ses portefeuilles, c’est une sorte de coup d’état contre la démocratie.

Finalement, ces trois personnalités ont peut-être commis le même crime : en plus d’être courageux, ils ont voulu GOUVERNER.

Les Vaudois élisent-ils vraiment leurs Conseillers d’État pour gouverner, ou simplement pour serrer des mains et boire du chasselas aux quatre coins du canton pendant que l’administration gouverne réellement ? Il est vrai qu’à 25'000 francs par mois et une retraite à vie, il peut être tentant d’abdiquer devant ses chefs de service, ce qui promet une plus longue carrière, ou du moins, moins dangereuse.

Espérons pour notre canton que le Conseil d’Etat agisse de manière courageuse et collégiale et soutienne Valérie Dittli plutôt que de céder face au DEEP STATE ou aux tentatives de division de ceux qui ont déjà 2027 en ligne de mire.

En attendant d'avoir la réponse, je tiens à exprimer toute ma solidarité envers cette jeune femme courageuse que j'admire énormément.


Tiens bon Valérie !




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