Yverdon, "champ de bataille" du Parti Socialiste Vaudois ?
- Ruben Ramchurn
- 28 janv.
- 5 min de lecture

Avertissement : Tout d’abord, il convient de préciser que cette analyse repose sur des hypothèses et des déductions, à l’exception des faits sourcés dans des articles de presse ou des documents officiels. L’objectif est d’éclairer les rouages politiques et d’aider les lecteurs à comprendre les dynamiques potentielles derrière la communication politique.
Une série d’évènements indépendamment insignifiants accréditent la thèse selon laquelle Yverdon serait un enjeu stratégique d’une telle importance pour le Parti Socialiste Vaudois, qu’il est prêt à y lancer toutes ses forces cantonales et même à renoncer à ses principes.
Pourquoi Lausanne s'implique dans la politique yverdonnoise ?
Le samedi 25 janvier 2025, toutes les forces de la gauche vaudoises étaient réunies à Yverdon pour soutenir la candidature du camarade Julien Wicki. Pourquoi déployer des politiciens de l'arc lémanique pour une élection dans le Nord-Vaudois ?
Pourquoi le congrès du Parti Socialiste Vaudois qui devait traiter du cumul des mandats fin novembre 2024 a-t-il été annulé ? Vous allez voir que tout ces événements sont liés.

La question du cumul des mandats et la "lutte des places"
Le cumul des mandats est un sujet sensible pour le Parti socialiste vaudois (PSV) ainsi que pour ses alliés, les Verts vaudois. Les deux partis interdisent le cumul d’une fonction exécutive dans une commune de plus de 10 000 habitants avec un siège au Conseil national ou au Conseil des États. Chez les Verts, une démission de l’un des deux mandats est requise dans un délai de six mois après l’élection.

Certains élus de gauche, à l’image de Stéphane Balet, ont fait de cette question un cheval de bataille. Ils se sont notamment attaqués au double mandat de l’ancien syndic Jean-Daniel Carrard, bien que le statut du Parti libéral-radical (PLR) n’interdise pas ce cumul et que les partis de gauche eux-mêmes tolèrent parfois ce genre de situation. Seul de son camp politique a être resté cohérent, il a quitté le comité directeur de son parti après que sa camarade Brenda Tuosto ait décidé de cumuler les mandats, en contradictions avec les statuts du parti socialiste vaudois.
Aujourd’hui, un silence notable entoure le cas de Brenda Tuosto, qui a bénéficié d’une dérogation temporaire de deux ou trois sessions à Berne, une situation que beaucoup semblent vouloir oublier. Ce silence pourrait n’être qu’une apparence. En effet, des murmures indiquent que cette question pourrait provoquer des tensions internes au sein du Parti socialiste, mais aussi avec les Verts, qui appliquent leurs règles de manière stricte. Quand aux électeurs, ceux qui ont voté pour Madame Tuosto au Conseil National afin de ne plus l'avoir comme Municipale de la Mobilité se sont pour le coup fait rouler.

L’annulation du congrès : un choix stratégique ?
En fin d’année, le Parti socialiste vaudois a annulé en toute discrétion un congrès où la question des dérogations devait être abordée. Ce sujet était potentiellement explosif.
Les dérogations temporaires sont souvent négociées au sein du comité directeur du parti, dans un cadre restreint. Cependant, la situation est différente lors d’un congrès, où la Jeunesse socialiste joue un rôle influent et où les décisions requièrent une majorité qualifiée des deux tiers. Cette configuration aurait rendu difficile l’obtention d’une dérogation, d'autant plus que d'autres élus socialistes ont, eux, renoncé au double mandat en 2023 et certains viennent-ensuite convoitent ce siège.
Un refus aurait obligé Brenda Tuosto à choisir entre ses deux sièges, une décision qu’on s’attendait à voir prise après son élection au Conseil national. Il se dit que ce dernier mandat avait sa préférence, mais qu’elle est restée à la municipalité sous la pression de ses collègues, conscients que leur bilan rendait difficile le maintien de ce siège à gauche.

Les enjeux à Yverdon
Le décès de Jean-Claude Ruchet, municipal dont la santé était fragile, a aggravé les tensions. Il existait un risque de double élection partielle, ce qui aurait pu faire perdre à la gauche sa majorité à la municipalité d’Yverdon.
Pour éviter cette perte, le comité directeur du PSV a préféré contourner le débat en annulant le congrès. Cela a permis de préserver temporairement l’unité du parti et de garantir la stabilité à Yverdon, stratégiquement importante pour la gauche vaudoise.
Deuxième ville du canton, Yverdon représente un ancrage essentiel dans le Nord vaudois pour la gauche vaudoise et ses faux-nez comme l'ATE, qui a obtenu la vassalisation de notre ville de l'actuelle Municipalité au travers d'un accord pour le moins honteux.
Le 25 janvier 2025, c'est là que l'ampleur de l'enjeu stratégique est devenu vraiment visible. On a pu assister à un déploiement impressionnant de ressources de l'arc lémanique pour soutenir la campagne du « camarade » Wicki à la Municipalité. Selon les mots d’un élu socialiste, la machine de guerre de la gauche vaudoise était à l’œuvre pour défendre leur tête de pont dans le Nord vaudois. Nous avons vu déferler élus nationaux et conseillers d'états venu de l'arc lémanique pour la "bataille d'Yverdon".

Une coïncidence ?
Le journal La Région du 23 janvier 2025 a annoncé la démission de Pierre Dessemontet de son poste de député au Grand Conseil. Cette information devait rester confidentielle jusqu’au 11 février, après le premier tour de l’élection partielle à la municipalité. Pourquoi cette démission maintenant ? Il est possible que ces deux événements soient liés, comme nous le verront lors d'une prochaine analyse.

Ne les laissons pas faire d'Yverdon leur Stalingrad !
La politique s'apparenterait à une guerre pour le Parti Socialiste Vaudois et les Verts et Yverdon serait un champ de bataille. Pour gagner la guerre, ils sont prêts à renier tous leurs principes et à déployer chez nous leur "armée".
L'immense majorité des Yverdonnois n'ont que faire des ambitions personnelles ou des intérêts de partis politiques qui définissent leur stratégie à Lausanne et nous envoient leurs "légions" pour faire campagnes dans notre ville, voir s'y parachuter comme candidat.
Il est temps de faire de la politique pour les Yverdonnois et pour les habitants du Nord Vaudois et non pour les partis politiques.
Ne laissons pas des directions de parti mener de Lausanne leur guerre dans notre ville. Yverdon ne doit pas être un champ de bataille idéologique, mais une ville au service de ses habitants et de sa région.
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